Article N°1

LES TONS DANS LES CHANTEFABLES SANVI
Adjépole Kouamé
Université Alassane Ouattara Bouaké.
adjeponeh@gmail.com





ABSTRACT
The parallelism between speech prosody rythm and songs melody could change from one language to another. Parallelism feature may involve the musical constraints and the natural speech melody correspondence. We examine pitch and contour in one particular sanvi song taking into account prosodic features. Our focal point will be upon the tone-melody relation in a chantefable. Agni sanvi is a kwa, Tano, Bia language. The chantefable is sung during tale. We use a musical transcription and a narrow acoustic-phonetic analysis to compare the surface tones and syllable structure. The results show that tunes in this Sanvi chantefable are natural as such that they correspond well to tones in song and speech. We suggest in conclusion that most prosodic features may occur in music as in usual speech.

KEY WORDS: parallelism, feature, chantefable, tone, melody, sanvi


1. INTRODUCTION
Cet article se propose d’analyser la réalisation tonale dans une chantefable sanvi. Des facteurs phonétiques et phonologiques qui régissent le ton linguistique ont fait l’objet d’intérêt de nombreux chercheurs. La problématique qui en résulte est : « vu la pertinence du ton, peut-il subir une modification de nature à affecter la compréhension du texte ? " Deux hypothèses s’en sont dégagées. La première hypothèse est qu’une langue dans laquelle le ton est pertinent, les changements de tons présents dans la parole (récit), se transposent dans le chant afin de préserver la compréhension du texte. Nous citons ainsi les travaux de Jones (1959) ; Ahoua et Adjépole (2009) ; Leben (1985), ensuite Gibbon, Ahoua et Adjépole (2011) qui apportent dans leurs études respectives des arguments pour cette hypothèse. Ils mentionnent en outre la pertinence de la descente tonale et des tons lexicaux ; car tous deux sont jugés nécessaires dans la structuration de la parole et du chant. La seconde hypothèse est que le changement de tons peut être libre et peut ne pas affecter la compréhension du texte, comme c´est le cas dans la langue éwé, citée par Connell (2005), de même que dans la langue agni sanvi citée par Gibbon, Ahoua and Adjépolé (2011). L’objectif de cet article est d’apporter une réponse à la problématique soulevée plus haut en nous fondant sur le sanvi pour évaluer le degré de correspondance entre la mélodie tonale de la parole et celle de la chantefable. Notre méthode s’inspire des cadres théoriques et descriptifs proposés par Leben (1985), Ahoua et Adjépole (2008), Gibbon, Ahoua and Adjépolé (2011) et Connell (2005). Afin de mener à bien notre analyse, nous nous sommes appuyés sur les résultats d’un certain nombre de travaux déjà faits sur la prosodie des langues Bia, notamment de l’agni et en particulier du sanvi (Burmeister 1999 a, b), (Retord 1972), de (Ahoua et Adjépole 2008) , (Gibbon, Ahoua and Adjépolé 2011) et du baoulé (Ahoua 1996 ; Leben et Ahoua 1996, Leben 1981). Notre corpus porte sur un enregistrement d´un genre musical traditionnel agni de la région du sanwi (Aboisso) qui est le chant d’une fable dont le titre est ‘ɛ̀lɛ̀ngɛ̀’ (crocodile). La chantefable choisie pour notre analyse a été enregistrée en 2009 dans le village de Ketesso dans la sous-préfecture de Bianouan, département d’Aboisso. Cette chantefable fait partie du recueil d’éléments enregistrés pour le compte du corpus de notre thèse. ‘ɛ̀lɛ̀ngɛ̀’ le titre de la chantefable soumis à notre analyse est un chant particulier qui se réalise pendant les soirées où l’on dit des fables . La chantefable sert d’intermède dans la fable et de chant de fin de la fable.

2. Etudes Anterieures
Ces dernières années, bien d’études ont été faites sur le sujet du ton et de la mélodie musicale. Nous avons l’article de Leben (1985) dont le thème est " On the correspondence between Linguistic Tone and Musical melody " dans lequel il propose une réinterprétation d’une étude de Richards (1972) d’un chant hausa, langue tonale. Il conclut qu’il y a une différence entre le ton lexical et le ton en contexte dans le chant. Pour Richards (1972), il existe bien une déviation des tons musicaux des tons lexicaux. Richards (1972), s´appuie sur une analyse métrique et phonémique, pour affirmer que dans le hausa la réalisation tonale dans le chant diffère de celle de la situation de parole. Leben reprend l’analyse de Richards à son compte et suggère un niveau intermédiaire. Il propose une sorte d’interface entre le ton musical et le ton lexical. Ahoua et Adjépole (2009), Gibbon, Ahoua and Adjépole (2011), s’appuient pour leur part sur les études à eux faites pour affirmer qu’il n’y a pas de changement du ton de la parole dans le chant. Et donc que le texte garde tout son sens initial.

3. Les Tons du sanvi
L’agni sanvi est situé à l’extrême sud-est de la Côte d’Ivoire, précisément dans la région du sud comoé à Aboisso. Le sanvi est une variété dialectale du grand groupe agni faisant partie des langues Bia et constitue un rameau du groupe tano dans l’ensemble linguistique Kwa. L´agni sanvi est parlé par environ 250.000 locuteurs. A l’instar des langues tano l’agni-sanvi est une langue à tons. Elle comprend sur le plan phonétique quatre tons qui sont : un ton bas [ ̀ ], un ton haut [ ́ ], et un ton modulé haut-bas [ ̂ ] ou bas-haut [ ̌ ] comme le montrent les exemples suivants (voir Retord (1972) et Burmeister 1999). Phonologiquement, les chercheurs s’accordent sur le fait de deux tons phonologiques car les tons modulés sont instables et se comportent comme la composition de deux séquences de tons. (1) [wɔ́] (H) ton/ta [wɔ̀] (B) piquer (2) [yɩ́](H) sa/son [yɩ̀](B) femme (3) [bɔ̀lɛ̀](BB) potasse-vénin [bɔ̀lɛ́](BH) brouillard [bɔ́lɛ̀](HB) colis (4) [mgbà̰] (B) gratuit [mgbâ̰] (HB) ver de guinée Exemples : tons phonologiques de l’agni sanvi En sanvi nous avons les structures syllabiques suivantes : V- [a, ɔ, ɛ]; CV [tɩ] ; CVV [bua] ; CVCV-[bʋka] ; CVLV-[kala] ; CVCVV-[tabʋa]. En agni le ton a une fonction grammaticale comme l’attestent les exemples qui suivent : Sanvi glose (6) [bɛ̀ sʋ̀à yɩ́ ] (B B H) Ils le chargent (indicatif) (7) [bɛ̀ sʋ̀á yɩ́ ](B H H) qu’ils le chargent (injonctif) Le mot simple est formé d’une à quatre syllabes au plus. L’agni a des règles de propagation du ton haut dans les syntagmes nominauxː Exemple : (8) /kòfí(BH) bɔ̀lɛ̀(BB)/ [kofi(BH) bɔ́lɛ̀(HB)] la potasse de kofi. / BH BB / [BH+HB] Note : propagation du ton haut La règle d’abaissement tonal s’applique dans la phrase avec complément d’objet (cf. Leben 1981). Ainsi, le verbe à ton final haut dans une phrase devient bas devant un complément d’objet. Exemples : (9) a) ɔ̀ bú (H) il abat (10) a) ɔ̀ bù (B) bàkǎ il abat l’arbre (9) b) ò kèlé(BH) il montre (10) b) ò kèlè(BB) ákɔ́ il montre un poulet Le processus d’abaissement d’un NP en un ton bas se résume comme suit: H ------------> B / [__]VP OBJ L’analyse des tons et les réalisations vocaliques V1V1 ; V1V2 dans les syllabes de mots dans le récit ou dans la chantefable permettra une autre perception de la réalisation vocalique. Il importe de souligner aussi qu’en agni l’harmonie vocalique est très pertinente. Nous avons pour preuve les segments suivants : [ɛ̀ lɛ́ bà] ; [è lé dí]. De même l’élision est aussi présente aussi bien en parole que dans le chant. Il faut noter aussi une proéminence de la nasalisation. Nous illustrons cela par les exemples suivantsː yɩ́ aɟʋ̰lɩ̰ nṵ a̰ / kɛ ɔ tɩ nɩ̰ a̰nɩ̰’n

3.1. Le Ton dans le chant sanvi
Dans la réalisation des chants, les changements de tons hauts et bas en surface se retrouvent également dans le chant sanvi (cf. Ahoua et Adjépole (2008, 2009), Gibbon, Ahoua and Adjépole (2011). Cependant ils n’ont pas absolument les mêmes réalisations sur la même syllabe en parole comme dans le chant. Ce qui est perçu à travers le vers de la chantefable ɛlɛngɛ. Nous signifiions plus haut la particularité de la chantefable. C'est un genre musical dans lequel le chanteur principal n’est pas un artiste de métier. Il le devient cependant, de façon circonstancielle car, c’est lors des séances de contes et légendes, les soirs au clair de lune qu’il arbore cette casquette là. La particularité de la chantefable que nous analysons ci-dessous est que la phrase musicale est extraite des proverbes et dictons. Ils ne respectent pas alors un rythme particulier. L’habitude et l’expérience aidant, l’auteur impose donc un rythme qui lui est propre et qui tient compte du contexte du proverbe ou du dicton. Nous rappelons que ces proverbes et dictons ont été enregistrés de façon empirique, par nous-mêmes.

4. Analyse de la chantefable.
Nous abordons l’analyse de la chantefable qui se fera par le biais d’un tableau dans lequel nous présentons aussi bien le texte chanté que le texte lexical. 4.1. Analyse phonologique de la chantefable ɛ̀lɛ̀ngɛ̀ a ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò jóò ɛ̀lɛ́ngɛ́ ná̰dɩ́ à ɔ̀ Kpʋ̰́ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟà LHH L LHH L HL LHH HH L L HL H LH LL 1 2 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Texte de base ɛ̀lɛ̀ngɛ̀ nà̰dɩ́ à ànɩ̰́ ɔ̀ kpɔ̰̀ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟǎ mgbà̰ḭ́ mɔ́ kʋ̀àtḭ̀ mà LLL LH L LH L LL H LH LLH LH H LLL L 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 b mgbá̰ḭ́ mɔ́ wà̰ àlèngé wɔ̀ bɛ̀lɛ̀ lɛ́ngɛ́ lé sè kɛ̀ àlèngé à ní HH H L LLH L LL HH H L L LLH L H 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 Texte de base hà̰ kɛ́ éé ɛ̀lɛ́ngɛ̀ nɛ̀ kpɔ̰́ndɛ̀ kòlí àɟǎ kʋ́ àléngé kʋ̀sʋ̀ nʋ̰̀má̰ bɛ̀lɛ̀ L H LHL L HL LH LHL H LHH LL LH LL 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 c ɟùmá̰ òò mù wù à ná̰ mà̰ bɛ̀ mà̰ jóò LH L L L H L L L HL 27 28 29 30 31 32 33 34 35 Texte de base ɛ̀lɛ́ngɛ̀ lè klè kà Jò àléng à nní ɟùmà̰ ì tì mì wù LHL L L L L LH L L LL H L L L 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 Texte de base à nà̰ mɛ́ fà àɟà bɛ̀ fà bɛ̀ mà̰ L L H L LL L L L L 40 41 42 43 44 45 46 47 48 Tableau 1 ː Tableau récapitulatif des divers niveaux de réalisation de la chantefable et du texte de base. Dans ce tableau 1 ci-dessus, nous présentons les structures tonales au niveau syllabique. Nous notons une certaine variation du ton sur certains segments syllabiques. structure musicale (((ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò jóò ) ф̀ (ɛ̀lɛ́ngɛ́ ná̰dɩ̀ à ) )PP (ɔ̀ kpɔ̰́ndɛ̀ ì kòlí àɟá òò ) (mgbá̰ḭ́-mɔ́ wà̰ àlèngé wɔ̀ bɛ̀lɛ̀ )  (lɛ́ngɛ́ lé sè kɛ̀ )  (àlèngé à ní ɟùmá̰ òò )  (mù wù à ná̰ mà̰ bɛ̀ mà̰ jóò )  ) ))PH Domaines prosodiques ((((ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò) (ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò)  (jóò)  (ɛ̀lɛ́ngɛ́ ná̰dɩ̀ à)ф̀)PP (((ɔ̀ kpɔ̰́ndɛ̀)ф í kòlí àɟá) (òò) (mgbá̰ḭ́-mɔ́ wà̰)ф (àlèngé wɔ̀ bɛ̀lɛ̀)ф (lɛ́ngɛ́ lé sè kɛ̀)ф (àlèngé à ní ɟùmá̰ òò)ф (òò) )PP (mù wù à)ф ((ná̰ mà̰ bɛ̀ mà̰ jóò)ф jòò))PP)IP))UP Tableau 2 ː Tableau analytique de la structure musicale et des domaines prosodique de la chantefable ɛlɛngɛ. Les domaines prosodiques du chant comme de la parole définis ici, présentent presque les mêmes caractéristiques. 4.2. Traduction de ɛlɛngɛ [ɛ̀lɛ́ngɛ̀ nà̰dɩ̀ à ànɩ̰́ ɔ̀ kpɔ̰̀ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟá] où que le crocodile parte, il cherche son héritier wherever the crocodile goes, it’s seeking its heir [mgbà̰ḭ́-mɔ́ kʋ̀àtḭ̀ bɛ̀ wà̰ ɛ̀lɛ́ngɛ̀ nɛ́ kpɔ̰̀ndɛ̀ kòlí àɟá kʋ́] tous les vieux disent crocodile ne cherche plus d’héritier all the old men say crocodile don’t seek more heir [àléngé kʋ̀sʋ̀ nʋ̰má̰ blɛ̀.] car le caïman n’est-il pas là for cayman isn’t there [ɛ̀lɛ́ngɛ̀ lè kèlè kɛ̀ àjó àléngé à ní ɟùmá̰] le crocodile se justifie par le fait que le caïman n’a pas travaillé crocodile is arguing that cayman did not work [ì tì mì wù à ná̰ mǎ̰ bɛ̀ fà àɟǎ bɛ̀ fà bɛ̀ mà̰.] alors si je meurt qu’on ne lui donne pas mon héritage. then if i die may people don’t give him my inheritance

5. Analyse du contour mélodique de la chantefable ɛlɛngɛ
La chantefable étant longue, elle est segmentée en deux afin de mieux présenter les contours. Cependant, nous avons pris le soin de présenter le contour de la chantefable en entier d’abord, avant les contours par segment. [ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò jóò ɛ̀lɛ́ngɛ́ ná̰dɩ̀ à ɔ̀ kpɔ̰́ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟá òò mgbá̰ḭ́-mɔ́ wà̰ àlèngé wɔ̀ bɛ̀lɛ̀ lɛ́ngɛ̀ lé sè kàlèngé à ní ɟùmá̰ òò mù wù à ná̰ mà̰ bɛ̀ mà̰ jóò] Figure 1 ː Contour mélodique de la chantefable ɛlɛngɛ entier généré par Praat avec indication des tons contextuels et le pitch. La variation de fréquence se situe entre 177Hz et 323Hz avec un temps de réalisation de 8.78 scd. L’axe des abscisses nous donne les syllabes et sur l’axe des ordonnées nous avons le niveau des tons. La courbe représente l’intonation. Figure 2 ː Tracé prosodique du chant d’ɛlɛngɛ en entier. [ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò ɛ̀lɛ́ngɛ́ òò jóò ɛ̀lɛ́ngɛ́ ná̰dɩ̀ à ɔ̀ kpɔ̰́ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟá òò mgbá̰ḭ́-mɔ́ wà̰ àlèngé wɔ̀ bɛ̀lɛ̀] Figure 3 ː Contour mélodique de la première partie de la chantefable ɛlɛngɛ de ‘ɛlɛngɛ o’ à ‘bɛlɛ’ généré par Praat avec indication des tons contextuels et le pitch. La variation de fréquence de cette séquence se situe entre 211Hz et 323Hz avec un temps de réalisation de 5.05 s. L’axe des abscisses nous donne les syllabes et sur l’axe des ordonnées nous avons le niveau des tons. La courbe représente l’intonation. Figure 4 ː Tracé prosodique de la première partie du chant d’ɛlɛngɛ. [lɛ́ngɛ̀ lé sè kàlèngé à ní ɟùmá̰ òò mù wù à ná̰ mà̰ bɛ̀ mà̰ jóò] Figure 5 ː Contour mélodique de la seconde partie de la chantefable ɛlɛngɛ de ‘lɛngɛ ’ à ‘ma̰ jo’ généré par Praat avec indication des tons contextuels et le pitch. La variation de fréquence de cette séquence se situe entre 177Hz et 322Hz avec un temps de réalisation de 3.25 s. L’axe des abscisses nous donne les syllabes et sur l’axe des ordonnées nous avons le niveau des tons. La courbe représente l’intonation.

Figure 6 ːTracé prosodique de la deuxième partie du chant d’ɛlɛngɛ.

6. Analyse du contour de la parole d’ɛlɛngɛ
Nous procédons ici à l’analyse du contour mélodique de la chantefable parlé, afin de voir s’il y a des similitudes ou des différences dans les différents tracés. La difficulté que nous faisons remarquer est que l’auteur ne reprend pas textuellement le même texte chanté. Il y a souvent dans le texte parlé des mots nouveaux qui interviennent. Nous présentons ci-dessous les différents contours. [ɛ̀lɛ̀ngɛ́ nà̰dɩ́ à ànɩ̰́ ɔ̀ kpɔ̰̀ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟǎ mgbà̰ḭ́-mɔ́ kʋ̀àtḭ̀ mà hà̰ kɛ́ éé ɛ̀lɛ́ngɛ̀ nɛ̀ kpɔ̰́ndɛ̀ kòlí àɟǎ kʋ̰́ àléngé kʋ̀sʋ́ nʋ̰má̰ bɛ̀lɛ̀.ɛ̀lɛ́ngɛ̀ lè klè kà jò àléng à nní ɟùmà̰ ì tì mì wù à nà̰ mɛ́ fà àɟà bɛ̀ fà bɛ̀ mà̰]

Figure 7 ː Contour mélodique de la parole de la chantefable ɛlɛngɛ entier généré par Praat avec indication des tons contextuels et le pitch. La variation de fréquence se situe entre 75Hz et 393Hz avec un temps de réalisation de 8.74 scd. L’axe des abscisses nous donne les syllabes et sur l’axe des ordonnées nous avons le niveau des tons. La courbe représente l’intonation.

Figure 8 ː
Tracé prosodique du texte parlé d’ɛlɛngɛ en entier. [ɛ̀lɛ̀ngɛ́ nà̰dɩ́ à ànɩ̰́ ɔ̀ kpɔ̰̀ndɛ̀ ɩ́ kòlí àɟǎ mgbà̰ḭ́-mɔ́ kʋ̀àtḭ̀ mà hà̰ kɛ́ éé ɛ̀lɛ́ngɛ̀ nɛ̀ kpɔ̰́ndɛ̀ kòlí àɟǎ kʋ̰́] Figure 9 ː Contour mélodique de la première partie du texte parlé de la chantefable ɛlɛngɛ de ‘ɛlɛngɛ’ à ‘àɟǎ kʋ̰́’ généré par Praat avec indication des tons contextuels et le pitch. La variation de fréquence de cette séquence se situe entre 207Hz et 297Hz avec un temps de réalisation de 4.26 s. L’axe des abscisses nous donne les syllabes et sur l’axe des ordonnées nous avons le niveau des tons. La courbe représente l’intonation.

Figure 10 ː
Tracé prosodique de la première partie du texte parlé d’ɛlɛngɛ. [àléngé kʋ̀sʋ́ nʋ̰má̰ bɛ̀lɛ̀.ɛ̀lɛ́ngɛ̀ lè klè kà jò àléng à nní ɟùmà̰ ì tì mì wù à nà̰ mɛ́ fà àɟà bɛ̀ fà bɛ̀ mà̰] Figure 11 ː Contour mélodique de la deuxième partie du texte parlé de la chantefable ɛlɛngɛ de ‘àléngé kʋ̀sʋ́’ à ‘bɛ̀ mà̰’ généré par Praat avec indication des tons contextuels et le pitch. La variation de fréquence de cette séquence se situe entre 75Hz et 401Hz avec un temps de réalisation de 4.43 s. L’axe des abscisses nous donne les syllabes et sur l’axe des ordonnées nous avons le niveau des tons. La courbe représente l’intonation.

Figure 12 ː
Tracé prosodique de la deuxième partie du texte parlé d’ɛlɛngɛ. Remarque : Nous faisons remarquer que l’allure des courbes ci-dessus est quasiment la même, aussi bien dans le texte chanté que dans le tracé du texte parlé. L’allure finit toujours par une descente.

7. Analyse temporelle de la parole et du chant ɛlɛngɛ
Ici nous montrons le temps de réalisation des différents vers.

7.1. Analyse temporelle de la parole d’ ɛlɛngɛ


Figure 13 ː représentation prosodique du texte parlé d’ɛlɛngɛ avec aperçu des réalisations temporelles

7.2. Analyse temporelle du chant ɛlɛngɛ


Figure 14 ː représentation prosodique du texte chanté d’ɛlɛngɛ avec aperçu des réalisations temporelles. En résumé, nous pouvons dire pour ce qui est des différentes courbes mélodiques et des tracées prosodiques, que la tendance des courbes et tracées demeurent pareille. L’allure des courbes comme la hauteur des tracées n’ont pas subi de réel changement à quelque niveau que ce soit.

7.3. Tableau récapitulatif
Nous faisons un récapitulatif dans ce tableau ci-dessous des réalisations temporelles des mots constituants les vers dans leurs différentes composantes. ɛlɛngɛ ː 0.367 /0.370 na̰dɩ ː 0.228 / 0210 a ː 0.065 / 0.068 ɔ ː 0.097 / 0.044 kpɔ̰ndɛ ː 0.215 / 0.238 ɩ ː 0.034 / 0.036 koli ː 0.140 / 0.228 aɟa ː 0.268 / 0.254 SYLLABES ɛ p 0.085 na̰ p 0.124 A p 0.065 ɔ p 0.097 kpɔ̰ p 0.088 ɩ p 0.034 ko p 0.047 a p 0.089 ch 0.078 ch 0.129 ch 0.068 ch 0.044 ch 0.085 ch 0.036 ch 0.118 ch 0.122 lɛ p 0.120 dɩ p 0.104 ndɛ p 0.127 li p 0.092 ɟa p 0.178 ch 0.102 ch 0.081 ch 0.153 ch 0.110 ch 0.131 ngɛ p 0.162 ch 0.181 VOYELLES ɛ p 0.085 a̰ p 0.088 a p 0.065 ɔ p 0.097 ɔ̰ p 0.049 ɩ p 0.034 o p 0.021 a p 0.089 ch 0.078 ch 0.088 ch 0.068 ch 0.044 ch 0.055 ch 0.036 ch 0.066 ch 0.122 ɛ p 0.076 ɩ p 0.053 ɛ p 0.059 i p 0.067 a p 0.151 ch 0.084 ch 0.048 ch 0.099 ch 0.078 ch 0.093 ɛ p 0.093 ch 0.127

Tableau 3 ː tableau récapitulatif des réalisations temporelles des phrases tirées des énoncés de parole et chant ɛlɛngɛ et décomposés en mots, en syllabes et en voyelles. Par le biais du tableau récapitulatif des temps de réalisation, nous constatons une légère variation du temps d’élocution aussi bien dans la parole que dans le chant. Nous notons qu’il y a des temps de réalisations qui sont relativement plus longs en parole que dans le chant et vice versa.

CONCLUSION
Cette étude qui a porté sur l’analyse d’une chantefable ne fait pas exception des observations faites dans nos précédentes études des chants sanvi (cf. Ahoua et Adjépole (2008, 2009), Gibbon, Ahoua and Adjépole (2011). Il n’y pas eu de changement avéré au niveau des tons. Dans les représentations prosodiques des réalisations parlée et chantée (cf. figures 13 et 14), nous notons une différence de l’intensité car, la chanson est réalisée avec une intensité supérieure à celle de la parole. Par ailleurs, il faut noter que l’allongement est un trait distinctif dans la réalisation de la chanson ou de la parole. Le tableau des représentations prosodiques nous a permis aussi d’observer l’importance des traits d’allongement dans certains mots, syllabes ou voyelles. Nous justifions ces traits d’allongement par le temps de réalisation qu’impose l’inspiration musicale. Cette étude à montré le rapport qui peut avoir entre le ton de la parole et du chant, et par ailleurs les éléments les composants. Nous espérons que les résultats de cette présente analyse servirons de base à d’autres études afin de confirmer ou d’infirmer ces résultats-ci. 9. REFERENCES [1] Agawu, V. Kofi (1988). Tone and tune: the evidence for Northern Ewe music. Africa 58.2: 127-146. [2] Ahoua, F. (1996). Prosodic Aspects of Baule. Cologne: koeppe. [3] Ahoua, F. & Adjépole, K. (2009). La Correspondence entre ton de la parole et ton musical dans un chant agni sanvi « EHIAN ». Paper presented at THE ANNUAL COLLOQUIUM OF THE LEGON-TRONDHEIM LINGUISTICS PROJECT, University of Lagon Accra Ghana. [4] Blacking, J. (1967). Venda children’s songs: a study in ethnomusicological analysis. Johannesburg. WitwatersrandUniversity Press. [5] Burmeister, J.(1999) Guide d’orthographe agni sanvi, Centre Alpha Bible : Aboisso. Côte d’Ivoire. [6] Burmeister, J. (1999) Lexique Agni-sanvi –Français. Centre Alpha Bible : Aboisso.Côte d’Ivoire. [7] Connell, B. (2005). Speech and Song Melody in Mambila. Phonetics and Phonology in Iberia Universitat Autònoma de Barcelona Barcelona 20–21, June [8] Dafydd Gibbon, Firmin Ahoua and Adjépolé Kouamé (2011). Modelling speech-song relations: an exploratory study of pitch contours, tones and prosodic domains in Anyi; Universitat Bielefeld, Germany; Universite de Cocody, Abidjan, Cote d’Ivoire; ICPH- 2011. [9] Dell, F.(2008). Singing in Tashlhiyt Berber, a language that allows vowel-less syllables. Conference on the syllable,CUNY Phonology Forum, January 17th-19th. [10] Dell, F. & Halle, J. (to appear). Comparing Musical textsetting in French and in English songs. In Jean-Louis Saroui and Andy Arleo,eds., Towards a Typology of poetic forms. AmsterdamːElsevier,North-Holland Linguistic Series. [11] FÜRNISS, S. et Guarisma, G. (2004). Des Hauts et des Bas : Les tons dans les Chantefables Bafia. In DU TERRAIN AU COGNITIF. LINGUISTIQUE ETHNOLINGUISTIQUES, ETHNOSCIENCES. A Jacqueline M. C Thomas ed. E. Motte-Florac & G. Guarisma, P.46 Leuven-Paris-Dudley (MA): PEETERS – BONDGENOTENLAAN 153 - B- 3000 LEUVEN. [12] Greenberg, J. H. (1949) “Hausa verse prosody.” Journal of the American Oriental Society 69.125-135. [13] Leben,W.(1985), ‘On the correspondence Between Linguistic Tone and Musical Melody.’ In Didier Goyvaerts (Ed). African Linguistics: Essays in memory of M.W.K. Semikenke. Amsterdam: John Benjamins. Pp. 335- 343. [14] Leben, W. (1981). Tone in the verbal system of Anyi [sanvi]. Proceedings of the eleventh Conference on African linguistics. Dordrecht : Foris. [15] Retord, G. L. A. (1972) L’agni, variété dialectale sanvi: phonologie, analyse tomographiques, documents. Abidjan: Université d’Abidjan. 207PP. [16] Richard, P. (1972) ‘A quantitative analysis of the relationship between language tone and melody in Hausa song’ African Language Studies XIII, 137-161. [17] Schneider, M.(1943-44) ‘Phonetische und metrische Korrelationen bei gesprochenen und gesungenen Ewe-Texten´. Archiv für vergleichende Phonetik 7,1/2.1-6. [18] Schneider, M. (1961). Tone and Tune in west African music.Ethnomusicology 5’3. 204- 215. [19] Simmons, D.C.(1980) Extralinguistic uses of tonality in Efik folklore. University of Alabama Press.